L’œuvre de Henry Vieuxtemps comprend près d’une centaine de compositions, dont environ quatre-vingts s’adressent au violon. De très belle facture, plusieurs des sept concertos pour violon font partie du répertoire des plus grands violonistes. Au sein de la collection Fondation Roi Baudouin, la Bibliothèque royale de Belgique conserve dorénavant les manuscrits autographes des premier et cinquième concertos, ainsi qu’une copie manuscrite du quatrième avec des annotations autographes, sources qui ouvrent de nombreuses perspectives de recherche, notamment dans leur comparaison avec les versions éditées.

Dans son premier Concerto en mi majeur opus 10, Vieuxtemps va clairement à l’encontre du courant faisant primer la virtuosité au détriment de la musicalité. Par la grande expressivité et le caractère symphonique de cette œuvre, inspirés par Beethoven, le compositeur se démarque aussi bien des Italiens Paganini et Locatelli que de l’École française de Viotti et Rode.

Le Quatrième grand concerto pour violon en ré mineur opus 31 fait partie, avec le Cinquième concerto, des œuvres les plus jouées de Vieuxtemps. Le compositeur s’y montre libéré de la tradition, proposant quatre mouvements au lieu de trois, et novateur dans son orchestration, dont la richesse éclaire le jeu d’ensemble équilibré entre le soliste et l’orchestre.

Le Cinquième grand concerto pour violon en la mineur opus 37 est au départ une commande du violoniste Hubert Léonard destinée à servir d’imposé au concours de sa classe de perfectionnement en violon au Conservatoire de Bruxelles. Ce concerto est aussi appelé Le Grétry. Le thème du second mouvement (Adagio) est en effet basé sur le quatuor « Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille ? », extrait de l’opéra Lucile du compositeur liégeois André-Ernest-Modeste Grétry. Henryk Wieniawski, qui appréciait particulièrement cette œuvre, l’a interprétée à de nombreuses reprises au cours des dix dernières années de sa vie.

La collection Fondation Roi Baudouin renferme également les versions orchestrales autographes d’œuvres éditées pour violon et piano ; c’est le cas pour les Trois morceaux  de salon opus 32 et le Bouquet américain opus 33. Il s’agit peut-être ici des versions originales qui auraient été publiées ensuite, sous forme réduite, pour des raisons commerciales. Quant au manuscrit du Duo sur Les Huguenots de Meyerbeer, composé par Vieuxtemps en collaboration avec Adrien-François Servais, il donne à découvrir une version pour sextuor à clavier de cet ouvrage édité pour violon et violoncelle.