Lorsqu’il est question du jeu de Henry Vieuxtemps, la comparaison avec Paganini est inévitable. Le virtuose italien était devenu, grâce à sa technique époustouflante, la référence pour tout violoniste. Le Verviétois marquera néanmoins de son empreinte l’école du violon au xix^e siècle et au-delà, en combinant lyrisme et expressivité avec une virtuosité et une technique très développée de l’archet.

Initialement, le répertoire de Vieuxtemps est surtout composé d’airs variés et de concertos des compositeurs et violonistes français Rode et Lafont, mais peu à peu, le spectre s’élargit aux œuvres de Viotti, Charles de Bériot ainsi qu’au concerto pour violon de Beethoven. Étant également compositeur, il se fait régulièrement l’interprète de ses propres concertos, fantaisies et capriccios.

Dès le début de sa carrière, le musicien est loué par ses contemporains, comme en témoignent de nombreux articles de presse. De célèbres critiques musicaux, tels que Schumann et le très pointilleux Berlioz, sont admiratifs devant son talent.

Journal des Débats - Hector Berlioz

M. Vieuxtemps est un violoniste prodigieux, dans la plus rigoureuse acception du mot. Il fait des choses que je n’ai jamais entendues par aucun autre ; son staccato est perlé, fin, radieux, éblouissant ; ses chants en double corde sont extrêmement justes ; il brave des dangers effrayants pour l’auditeur, mais qui ne l’émeuvent nullement, sûr qu’il est d’en sortir sain et sauf : sa quatrième corde a une voix de toute beauté […]

Hiver 1841, Paris, après l’exécution de son 1^er concerto en mi majeur op. 10

Le talent de Vieuxtemps est merveilleux : ses qualités dominantes sont la grandeur, l’aplomb, la majesté et un goût irréprochable [...] La jouissance qu’on éprouve à entendre ce virtuose-maître est sereine, comme celle qu’on trouve dans la contemplation de tout ce qui est beau, calme et grand.

Décembre 1851, Paris, après l’exécution de son 4^e concerto en ré mineur op. 31