Grâce au soutien du Roi Léopold I^er de Belgique, Henry Vieuxtemps effectue son premier voyage en Allemagne en 1833. Les diverses rencontres et les élogieuses critiques, signées entre autres par Schumann à Leipzig, font de cette tournée un moment décisif dans sa carrière.

À Francfort, sa première étape, il a l’occasion d’écouter pour la première fois le compositeur et violoniste virtuose allemand Ludwig Spohr. Il assiste à une exécution du Fidelio de Beethoven, chef-d’œuvre qui lui laisse une forte impression. À Stuttgart, il fait la connaissance du violoniste Bernhard Molique et de la pianiste viennoise Joséphine Eder, sa future épouse.

Vienne constitue l’apothéose de sa tournée. Il est introduit dans l’entourage de Dominico Artaria, éditeur et intime de Beethoven. On le présente également au compositeur-violoniste Joseph Mayseder et au baron belge Édouard de Lannoy, co-fondateur des Concerts Spirituels viennois.

L’admiration de Vieuxtemps pour Beethoven ne cesse de croître et, à la demande du baron de Lannoy, il interprète en concert le Concerto pour  violon en ré majeur le 16 mars 1834, deux semaines à peine après en avoir débuté l’étude. C’est la première fois que ce concerto est à nouveau à l’affiche depuis la disparition de Beethoven en 1827. La prestation du jeune homme de 14 ans remporte un énorme succès.

Veuillez accepter mes remerciment [sic] pour la manière originale, revue et cependant classique, avec laquelle vous avez exécuté le concerto pour le violon de Beethoven au concert spirituel d’hier. Vous êtes entré tout-à-fait dans l’esprit de cette composition, chef d’œuvre de l’un de nos grands maîtres. La qualité de son, avec laquelle vous avez rendu le cantabile, l’âme que vous avez mise dans l’exécution de l’andante, la précision et la vigueur, avec laquelle vous avez joué les passages difficiles, dont ces morceaux abondes [sic], tout caractérises [sic] en vous un talent supérieurs [sic] […].

Baron Édouard de Lannoy à Henry Vieuxtemps, Vienne, avril 1834